Réunion de novembre au CDJ : 2 plaintes non fondées (La Province, Vivacité)
Le Conseil de déontologie journalistique (CDJ) a rendu deux décisions sur plainte lors de sa réunion de novembre, toutes deux jugées non fondées. La première plainte portait sur le respect d’un engagement pris en matière de droit à l’image (La Province – Sudinfo), la seconde traitait des questions de vérification et d’identification dans le cadre particulier d’une enquête menée en direct (« On n’est pas des pigeons » – Vivacité). Particularité de cette plénière mensuelle : en parallèle se tenait le tout premier « shadow council » (conseil fantôme) du CDJ, composé exclusivement d’étudiants en journalisme. Ces derniers ont ainsi pu débattre des mêmes dossiers avant de comparer leurs conclusions – pour une grande partie similaires – avec le véritable Conseil.
La première plainte, déclarée non fondée (24-23 D. Querton c. N. Z. / La Province & sudinfo.be), concernait l’illustration photo et vidéo d’un article papier (La Province) et en ligne (Sudinfo) consacré à des problèmes de gestion dans une résidence de soins montoise. La plaignante, qui témoignait en tant que fille d’une résidente, déplorait la diffusion de son image en disant avoir refusé d’être photographiée et s’être assurée que la vidéo ne serait pas diffusée mais uniquement utilisée à des fins de retranscription. Le CDJ a observé que, si les versions contradictoires des parties ne permettaient pas de savoir si le média et la plaignante s’étaient accordés ou non sur la question du droit à l’image, pour autant les éléments de contexte (micro accroché au foulard, prise de vue préparée et cadrée, pose pour la photo) montraient à suffisance que l’intéressée ne pouvait ignorer la destination publique des images qui étaient prises.
La seconde plainte, également déclarée non fondée (24-25 SRL Durant Agricole et Jardin & X c. RTBF / Vivacité (« On n’est pas des pigeons »)), portait sur une séquence de l’émission radio « On n’est pas des pigeons » (Vivacité, RTBF) consacrée à un litige autour de l’achat d’un tracteur agricole d’occasion. Les parties plaignantes reprochaient au média un manque d’investigation préalable ainsi que la mention, à l’antenne, de leur entreprise et de leur responsabilité vis-à-vis de la vente, qui permettait selon elles l’identification du gérant. Rappelant qu’user du direct pour enquêter relève, en toute responsabilité, de la liberté rédactionnelle du média, le Conseil a estimé qu’il était légitime que les journalistes citent le nom de l’entreprise dont ils cherchaient à obtenir le point de vue pour comprendre pourquoi le contrat de vente ne prévoyait pas de garantie. Il a relevé que l’identification de son dirigeant qui pouvait en découler résultait des seules nécessités de l’information. Le CDJ a par ailleurs estimé que le fait que le média mentionne, sans le préciser aux auditeurs, non pas le nom de l’entreprise qui figurait sur la facture, mais celui de la société qu’il estimait, sur la base de ses recherches, être l’interlocutrice de référence, ne portait pas préjudice à l’enquête. Il a en effet noté que la personne contactée par ce biais assumait la responsabilité du contrat de vente et de l’absence de garantie.
Cette réunion plénière du CDJ était quelque peu particulière car en marge des débats de l’instance, 35 étudiants en journalisme de la Fédération Wallonie-Bruxelles étaient invités à découvrir, puis à se prononcer sur les deux dossiers de plainte soumis à l’ordre du jour du Conseil. Inspiré par l’expérience menée annuellement par le conseil de presse norvégien avec la faculté en journalisme de l’Université d’Oslo, le tout premier « shadow council » du CDJ a tantôt suivi le raisonnement du Conseil (plainte non fondée), tantôt été partiellement plus sévère (plainte fondée). Pour se préparer à cette réunion « fantôme », ces étudiants avaient suivi la veille une Master Class dispensée par des membres du CDJ et de son secrétariat général. Ils et elles se sont également appuyés sur l’outil de jurisprudence qui permet, à partir de différents filtres, de consulter toutes les décisions du CDJ prises depuis sa création en 2009 (plus de 500 à ce jour). L’objectif : sensibiliser ces journalistes en herbe à l’importance des règles déontologiques qu’ils et elles s’engagent à respecter en rejoignant la profession… Et, pourquoi pas, les préparer à devenir membres du Conseil dans quelques années !
Fin novembre, 16 plaintes étaient en traitement au CDJ. Entre la réunion plénière d’octobre et celle de novembre, 2 plaintes se sont soldées par une solution amiable. 23 autres plaintes n’ont pas été retenues, soit parce qu’elles ne répondaient pas aux conditions de recevabilité formelle, soit parce qu’elles n’entraient pas dans le champ d’exercice de la déontologie journalistique, soit parce que l’enjeu déontologique soulevé n’était pas rencontré (plainte manifestement non fondée). Tous les plaignants en ont été dûment informés.