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Pension des journalistes : vote absurde et cadenassé en Commission des affaires sociales

20/10/2010

La Commission des Affaires sociales de la Chambre a voté une série de réformes fondamentales des pensions, dont la suppression du système actuel pour les journalistes professionnels.


Photo Belpress.com

Photo : Philippe Clément/Belpress.com

La Commission des Affaires sociales de la Chambre a voté ce lundi 19 décembre après midi une série de réformes fondamentales des pensions, dont la suppression du système actuel pour les journalistes professionnels. Ce point particulier a suscité beaucoup de questions de parlementaires au ministre Van Quickenborne qui n’avait guère de réponse à donner, sauf « j’exécute l’accord gouvernemental« . Au final, seul Ecolo a voté contre. Les journalistes n’auraient pour autant pas encore tout perdu, puisqu’un espace de négociation semble s’ouvrir pour l’avenir. Récit d’une journée chahutée et surréaliste.

Un « kern » agité le matin

Tout commence ce matin par un « kern » centré sur les pensions, vu la mobilisation syndicale générale contre les réformes annoncées, qu’elles concernent les travailleurs du service public ou ceux du secteur privé. Le système spécial des journalistes professionnels est aussi à l’ordre du jour du « kern » : c’est un effet de la mobilisation sans précédent des jourrnalistes, qui ont ce WE à la demande de l’AGJPB envoyé des milliers de mails aux parlementaires. Une mobilisation massive dont on peut croire dans un premier temps qu’elle a porté ses fruits : au sortir du kern, on nous promet en effet que la concertation sera d’abord menée avec le secteur. Un propos rassurant que nous n’avons pas de raison de mettre en doute : selon nos calculs, le système des pensions des journalistes n’est pas déficitaire et le supprimer serait tout sauf une bonne idée. Nous recoupons d’ailleurs cette information à trois sources.

Mais vers 14 heures, quand les textes des amendements sont disponibles, il faut déchanter : c’est bel et bien la suppression du régime de pension des journalistes dès le 1er janvier 2012, sauf pour les plus de 55 ans et en préservant les droits déjà acquis des moins de 55 ans. Rien n’a donc été modifié. Une seule disposition a été ajoutée  » Le Roi prendra par un arrêté royal délibéré en Conseil des Ministres, des mesures transitoires pour les journalistes professionnels ». La portée de cette disposition est tout sauf limpide : pourquoi des dispositions transitoires si on supprime le système pour l’avenir ? De quoi s’agit-il exactement ? Du côté de la majorité, on nous explique que ce texte va permettre la concertation entre l’AGJPB et le Ministre des pensions sur la viabilité du système, car « s’il n’est pas déficitaire, il n’y a pas de raison de l’arrêter ». On nage en plein surréalisme : pourquoi ne pas d’abord faire un bilan objectif avant de supprimer un système qui fonctionne depuis 40 ans ?

Une Commission affaires sociales chahutée l’après midi

En Commission des Affaires sociales, les questions des parlementaires (Jean-Marc Delizée, Catherine Fonck, Georges Gilkinet particulièrement) sont pointues. Le Ministre des pensions peine souvent à y répondre. Sa réponse préférée est « j’exécute l’accord gouvernemental ». Mais il doit admettre qu’il n’a aucune estimation financière récente relative au régime des journalistes professionnels. Qu’il se base sur « une vieille étude » des années ’90 » qui indiquait un léger déficit et un « ratio cotisants/bénéficiaires à tendance négative ». Mais qu’en est-il aujourd’hui ? Le Ministre esquive et répond avec les chiffres des marins et des pilotes d’avion (autres régimes spéciaux du secteur privé, apparemment largement déficitaires). Des parlementaires insistent : il faut une concertation avec les journalistes! Van Quickenborne la promet : encore en 2011. Vers 17 h, la Commission passe aux votes, dans une certaine confusion. Seul Ecolo votera contre.

Et maintenant ?

D’abord, l’AGJPB souhaite remercier les centaines de journalistes qui ont répondu à son appel ce week-end en envoyant des milliers de messages aux parlementaires : cette mobilisation massive est une première réussite. Elle a permis de mettre le point à l’ordre du jour du « kern », elle a empêché un vote « en catimini », forcé le débat en Commission et ouvert, l’avenir le confirmera, un espace de négociation avec le Gouvernement pour remettre sur rails un système de pension complémentaire pour les journalistes. Car nous allons bien entendu utiliser cette ouverture : le vote intervenu ce lundi en Commission est absurde et démagogique mais il était cadenassé. Mais avant cela, il y a encore un vote en séance plénière jeudi à la Chambre et le 24 au Sénat.

Restez donc attentifs au dossier, comme nous le sommes de notre côté : l’Union professionnelle va multiplier les contacts ces prochains jours. Il n’y a aucune raison de renoncer.

Martine Simonis
Secrétaire nationale AGJPB

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