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Menace imminente sur les pensions des journalistes professionnels

17/12/2011
Vincent Van Quickenborne - Belpress.com

Vincent Van Quickenborne
Photo : Dann Cortier/Belpress.com

Les pensions complémentaires des journalistes professionnels sont menacées de suppression. L’AGJPB a demandé à être reçue d’extrême urgence par le Ministre Van Quickenborne mais il semble que ce dernier veuille passer en force et sans concertation dès le début de la semaine prochaine au Parlement. Concrètement, et sous le prétexte (erroné) d’un allongement des carrières, le régime de pension des journalistes serait supprimé pour l’avenir, seuls les droits déjà constitués seraient maintenus.

La perte en fin de carrière sera très importante pour tous les journalistes salariés (un tiers de la pension). Pour rappel, c’est le secteur lui-même qui finance ce complément de pension, par des cotisations sociales obligatoires.

L’AGJPB a demandé à tous les journalistes salariés d’encore réagir ce WE (ils ont reçu un mail).

Ni allongement possible, ni économie escomptée !

La déclaration de politique générale du Gouvernement prévoit sous l’intitulé « Allongement de certaines carrières en rapprochant les régimes spéciaux du régime général » l’alignement des « régimes spéciaux du secteur privé sur le régime général « .

Les pensions légales complémentaires des journalistes professionnels, organisées depuis plus de 40 ans par l’arrêté royal du 27 juillet 1971, sont également dans le collimateur du Ministre des pensions.

Cette réforme se trompe de cible et déforce le premier pilier. En effet, les pensions des journalistes professionnels :

ne sont en aucun cas concernées par un « allongement des carrières » : les carrières des journalistes professionnels ont toujours été calculées sur 45 ans. Elles sont donc déjà alignées sur le régime général.

sont financées par le secteur même et par les intéressés : des cotisations sociales supplémentaires et obligatoires (à l’Office des pensions) financent un complément de pension, équivalent en cas de carrière complète à un supplément de 33 %. Ces cotisations s’élèvent à 2 % du salaire brut du journaliste à charge de l’employeur, et à 1 % à charge du journaliste professionnel, tout au long de sa carrière.

L’Etat fédéral ne finance donc pas ce complément de pension. Il n’y aura pas d’économie budgétaire découlant de cette mesure !

La seule subvention est historique et provient actuellement des Communautés (depuis 1989, lorsque les aides à la presse ont été communautarisées). La Communauté flamande verse chaque année 54.000 €, la Communauté française 44.000 €. Ces montants ont été prévus depuis l’origine du système pour financer les premières pensions (parties de carrières avant l’obligation de cotiser en 1971) et font partie de l’aide à la presse.

Il y a actuellement bien plus de cotisants dans le système que de bénéficiaires : le nombre de journalistes professionnels admis au titre a doublé ces 20 dernières années, et les journalistes cotisent dès leur premier contrat de travail.

Une suppression absurde et dommageable

Supprimer la pension des journalistes professionnels dès 2012, même en garantissant les droits constitués à cette date, aura pour seul effet de permettre aux entreprises de presse d’économiser des cotisations sociales. Mais les grands perdants seront les journalistes eux-mêmes, alors que toutes les autres mesures tendent à renforcer le premier pilier, et qu’un très grand nombre d’entre eux ne bénéficie pas d’assurance groupe.

Il n’est pas acceptable, dans la précipitation et sans examen des conséquences sociales, de mettre fin à un régime de pension financé par les intéressés et leurs employeurs.

L’AGJPB demande aux parlementaires de s’opposer à cette suppression absurde et dommageable lors du débat et du vote en Parlement. A tout le moins, de laisser le temps de la concertation entre la profession et le Gouvernement.

Il n’y a ici aucun privilège en jeu. Au contraire, si tous les secteurs cotisaient davantage à l’ONP, il y aurait sans doute là une voie de sauvegarde des pensions légales.

Martine Simonis
Secrétaire nationale AGJPB

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