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Une situation fragile et inquiétante en Europe

26/10/2010

RSF Comme chaque année depuis 2002, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a mesuré les violations de la liberté de la presse dans 178 pays du monde. Cette nouvelle cartographie, établie sur la base d’un questionnaire adressé à un réseau d’une centaine de journalistes et d’experts des médias, met notamment en lumière une dégradation de la situation en Europe. Sur les vingt-sept pays membres de l’UE, quatorze se classent au-delà de la 20e place, dont certains se retrouvent très bas dans le classement : la France (44e), l’Italie (49e), la Roumanie (52e), la Bulgarie (71e) et la Grèce (73e). RSF souligne qu’aucune progression n’a été enregistrée en France et en Italie, malgré ses précédentes mises en garde, « où les incidents et les faits marquants ont jalonné l’année en cours, confirmant leur incapacité à renverser la tendance : violation de la protection des sources, concentration des médias, mépris et même impatience du pouvoir politique envers les journalistes et leur travail, convocations de journalistes devant la justice. »

En 2010, la Belgique, 14e, a perdu trois places par rapport à l’année précédente. Notamment mise en cause, l’annulation d’un débat pré-électoral décidée par le CA de la RTBF pour ne pas donner la parole à l’extrême droite flamande. Au contraire de RSF, l’AJP défend le maintien du cordon sanitaire médiatique en Communauté française : ce qui a donné lieu à un débat dans le mensuel Journalistes (n°116/juin + n°117/juillet-août 2010 ici en téléchargement). Il ne s’agit pas du plus mauvais classement mondial enregistré pour notre pays : en 2004, la Belgique occupait la 22e place, dans la foulée de perquisitions visant à découvrir les sources du journaliste allemand Hans-Martin Tillack. Un an plus tard, la loi belge reconnaissait aux journalistes la confidentialité de leurs sources d’information.

Pour RSF, six pays montrent l’exemple « en respectant les journalistes et les médias mais également en les protégeant face à la justice » : la Finlande, l’Islande (habituée du trio de tête, qui a proposé cette année « un projet de loi exemplaire et unique au monde pour les médias modernes« , souligne RSF), la Norvège, les Pays-Bas, la Suède et la Suisse. Dans dix autres, par contre, il ne fait pas bon être journaliste : l’Erythrée, la Corée du Nord, le Turkménistan, l’Iran, la Birmanie, la Syrie, le Soudan, la Chine, le Yémen et le Rwanda. Pour la première fois, Cuba ne fait pas partie des derniers classés. On doit cette progression à la libération de 14 journalistes et de 22 militants au cours de l’été dernier.

Aucun continent n’échappe à la dégradation de l’état de la liberté de la presse : de l’Afrique (où « cinquante ans après les indépendances, les journalistes doivent poursuivre leur combat pour leur liberté« ) à l’Asie-Pacifique (où les régimes communistes occupent traditionnellement les derniers rangs), en passant par le Moyen-Orient (où quelques timides avancées on toutefois été enregistrées).

+ Voir le classement mondial établi par RSF :
http://fr.rsf.org/press-freedom-index-2010,1034.html

 

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