Le respect de l’obligation de prudence qui s’impose aux journalistes sera interprété en justice notamment à travers la forme donnée à leurs informations. Les guillemets peuvent, à cet égard, démontrer l’intention de prudence de l’auteur. Ils indiquent au lecteur que le journaliste ne prend pas à son compte un propos relaté et qu’il se tient à distance de l’idée exprimée. Mais les guillemets peuvent auussi prendre d’autres significations plus perverses. Ils servent parfois à isoler et mettre en valeur un mot pour donner à celui-ci un caractère dérisoire ou douteux. On retrouve alors la prise de distance du journaliste mais pas nécessairement la prudence ! Mettre entre guillemets la qualité ou le titre professionnel de quelqu’un, par exemple, peut aller jusque l’acte diffamatoire.
Journalistes n°27, mai 2002, Jean-François Dumont
Source : Stéphane Hoebeke et Bernard Mouffe, Le Droit de la presse, Academia Bruylant