Les autorités marocaines ont interdit la vente sur leur territoire de l’édition du Monde datée du 4 août, qui publie les résultats d’un sondage sur le bilan des dix premières années de règne de Mohammed VI. Trois jours plus tôt, elles saisissaient 100.000 exemplaires de deux hebdomadaires indépendants marocains, TelQuel et Nichane, qui publiaient les résultats de ce sondage réalisé en partenariat avec le quotidien français. Motif de cette royale censure, malgré des résultats largement favorables au souverain : « La monarchie ne peut être mise en équation, même par la voie du sondage« , selon le porte-parole du gouvernement et ministre de la communication, Khalid Naciri, cité par Le Monde.

Le quotidien avait été averti ce week-end que s’il publiait les résultats de ce sondage, il serait interdit à la vente au Maroc. Le ministère français des affaires étrangères s’est dit « surpris » par cette mesure, qu’il regrette étant « particulièrement attaché à la liberté d’expression« .
Quant au groupe TelQuel, il a annoncé un dépôt de plainte devant le tribunal administratif de Casablanca, aucune loi n’interdisant les sondages dans son pays.

De son côté, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a condamné vivement cette censure. « Cette décision, à la fois archaïque et illégale, constitue une nouvelle violation de la liberté de la presse au Maroc. Les fameuses ‘lignes rouges’ qui entravent la liberté d’expression doivent disparaître. Les Marocains, qu’ils soient journalistes ou non, devraient pouvoir exprimer leur opinion sur le Roi et la monarchie, sans crainte d’être arrêtés, emprisonnés, ou condamnés à payer de lourdes amendes« .

Contacté par RSF, le directeur de publication du Monde, Eric Fottorino, a déclaré « proinfos_AJPer contre cette mesure incompréhensible et absurde. En agissant de la sorte, le régime marocain bafoue l’opinion de son peuple, ce qui est grave pour un régime qui dit s’ouvrir. (…) Cette décision porte atteinte à l’image du Maroc. »