La télévision, miroir déformant de notre société
Lancé en mai 2010 par la ministre de la Culture et de l’Audiovisuel de la Communauté française, Fadila Laanan, le Plan d’action en faveur de l’égalité et la diversité dans les médias audiovisuels vient de franchir une nouvelle étape avec la publication du premier « Baromètre de l’égalité et la diversité ».
Notre télévision reflète-t-elle la diversité de notre société ? Comment les femmes et les hommes sont-ils représentés sur nos écrans ? Quelle occupent les personnes âgées ? Ou handicapées ? Le premier « Baromètre de l’égalité et la diversité dans les médias audiovisuels de la Communauté française » répond à ces questions à travers l’analyse de quelque 198 heures de programmes diffusées au cours de la semaine du 3 au 9 mai 2010 sur les 23 chaînes de télévision publiques, privées et locales actives en Communauté française (RTBF (La Une), RTBF (La Deux), RTL-TVi, Plug RTL, Club RTL, AB3, AB4, Liberty TV, Canal Z, Be 1, Belgacom 11, ainsi que les 12 télévisions locales (Antenne Centre, Télé Mons-Borinage, Télésambre, Notélé, Canal C, Canal Zoom, TV Com, MaTélé, TV Lux, Télévesdre, RTC Télé-Liège et Télé Bruxelles). 23.657 intervenant y ont été identifiés.
Profil des intervenants à l’écran
Premier constat, qui rejoint les résultats de l’enquête GMMP sur le genre dans l’information (voir le site Quel genre d’infos ?) rendus publics en octobre 2010 : les femmes sont sous-représentées à l’écran (31,41%) alors qu’elles constituent 51% de la population.
Les intervenants identifiés comme « non blancs » sont également peu présents dans l’ensemble des émissions (8,62%).
Par tranche d’âge, les – de 34 ans sont largement sur-représentés (40%) tandis que les – de 12 ans (6,36%) et les + de 65 ans (3,71%) constituent les oubliés de l’écran.
Les catégories socioprofessionnelles supérieures sont les plus représentées à l’écran (46,32%), loin devant les inactifs (16,14% pour l’ensemble des émissions) et des professions peu qualifiées (11,15%).
Enfin, les personnes handicapées sont quasi absentes de l’écran (0,33%).
Place des intervenants dans l’information
Les femmes sont plus encore sous-représentées dans l’information (30,42%) que dans les autres genres (où leur représentation tourne autour des 40%). Le sport est quant à lui un terrain presque exclusivement masculin (7,31% de femmes).
Le phénomène de sous-représentation s’accentue pour les origines : les intervenants perçus comme non blancs se retrouvent à 6,32% dans l’information (8,62% dans l’ensemble des émissions). Et ils y ont très peu droit à la parole : dans les JT, on dénombre 3,84% d’hommes vus comme non blancs et 1,28% de femmes de la même catégorie. Les rôles qu’ils occupent, quand ils ont droit à la parole, sont plus souvent ceux de la vox populi.
Plan d’action, la suite
Après la publication du Panorama des bonnes pratiques en matière d’égalité et de diversité destiné aux médias audiovisuels, ce Baromètre constitue le deuxième volet du Plan en faveur de la diversité et de l’égalité dans les médias audiovisuels de la Communauté française. Il est piloté par un comité composé de différentes organisations, parmi lesquelles l’Association des journalistes professionnels (1).
L’objectif de ce Baromètre est de fournir aux responsables de chaînes une base de réflexion en vue d’améliorer leur politique du personnel et de renforcer leur stratégie à l’égard des publics qu’ils veulent toucher. Dans cet esprit, la Fondation Roi Baudouin, qui a soutenu et accompagné la production du Baromètre, mettra prochainement autour de la table les patrons des chaînes de télévision.
L’AJP mettra quant à elle sur pied, dans le courant de l’année, deux modules de formation sur le genre et la diversité à destination des étudiants en journalisme. Elle réalisera par ailleurs une étude sur la diversité des effectifs journalistiques en Communauté française, financée par cette dernière.
Participent au Comité de pilotage pour l’égalité et la diversité dans les médias le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme, la Fondation Roi Baudouin, la Direction générale de l’audiovisuel du Ministère de la Communauté française, la Direction de l’égalité des chances du Ministère de la Communauté française, l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, l’Association des journalistes professionnels et le Conseil supérieur de l’audiovisuel.