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Journée mondiale contre la cyber-censure : Web 2.0 versus Control 2.0

12/03/2010

Lancée en 2008 par Reporters sans frontières (RSF), la Journée mondiale contre la cyber-censure du 12 mars a pour objet de soutenir un internet libre et accessible à tous. Censure des contenus, arrestations, intimidations, surveillance et fichage : la répression sur le web a encore gagné du terrain l’an passé et l’organisation met en garde contre ces multiples atteintes aux libertés.


« En créant de nouveaux espaces d’échanges d’idées, le net est un vecteur de libertés. Dans les pays où les médias traditionnels sont sous la coupe du pouvoir, les seules informations indépendantes se retrouvent sur internet, qui est devenu un forum de discussion, un refuge pour ceux qui souhaitent s’exprimer librement. Cependant, de plus en plus de gouvernements l’ont compris et réagissent en tentant de le contrôler. Jamais autant de pays (…) n’ont été touchés par une forme de censure du net« , s’inquiète Reporters sans frontières. Aujourd’hui, près 120 internautes sont emprisonnés dans le monde (dont 72 en Chine) pour s’être exprimés librement en ligne. Il s’agit du nombre le plus important depuis la création d’internet, indique l’organisation, qui entend leur rendre hommage lors de cette Journée mondiale. .

Les ennemis d’internet en 2010

RSF Cybesrcensure RSF a établi la liste des Etats qui placent le web sous contrôle : la Chine, la Russie, Cuba, l’Erythrée, la Birmanie, la Turquie, l’Egypte, la Thaïlande, le Sri Lanka, la Malaisie, l’Erythrée, les Emirats Arabes Unis, l’Arabie Saoudite, le Bélarus, les deux Corée, Barhein, le Vietnam, le Turkménistan, la Tunisie, la Syrie, l’Ouzbékistan, l’Iran. Egalemennt épinglée, l’Australie, en raison de sa législation contre l’anonymat en ligne et de son projet d’en adopter une autre sur le filtrage obligatoire des sites « non appropriés ». « Ce filtrage viserait la classification de contenus RC (refused classification), déjà adoptée par les médias traditionnels, et s’appliquerait donc à des contenus qui n’ont rien à voir avec l’intention affichée par les autorités de lutter contre la pédopornographie, la diffamation ou les droits d’auteur. Le risque de surblocage est évident : des sujets comme l’avortement, l’anorexie, la législation sur la vente de marijuana, ou les aborigènes risqueraient donc d’être filtrés. Tout comme des articles de presse ou des informations à caractère médical faisant référence à ces sujets« , dénonce l’organisation dans le rapport « Les ennemis d’internet en 2010 » (62 pages) qu’elle publie ce 12 mars.

La résistance s’organise

RSF Cybesrcensure Dans le reste du monde, l’organisation constate que les gouvernements répressifs « sont passés à l’acte » et « peu importe à ces dirigeants si de plus en plus d’internautes sont victimes d’une ségrégation numérique. Le Web 2.0 se heurte au Control 2.0. (…) Les net-citoyens font les frais de cette répression accrue. » Tandis que dans le même temps, la résistance s’organise. « Isolés, les internautes, les dissidents et les blogueurs sont vulnérables. Ils commencent donc à se regrouper, en associations ou au gré des combats qu’ils souhaitent mener. Ainsi sont nés une association des blogueurs russes ou une autre des Marocains, des groupes d’internautes bélarusses qui lancent des campagnes contre les décisions du gouvernement, d’autres de blogueurs égyptiens mobilisés contre la torture ou le coût de la vie, et encore des internautes chinois qui organisent des cybermouvements en faveur des manifestants iraniens sur Twitter. Que leurs causes soient nationales ou mondiales, les combats qu’ils mènent résonnent et décideront du visage de l’internet de demain. »

Des cyberdissidentes iraniennes récompensées

RSF Cybesrcensure A l’occasion de cette journée mondiale, RSF a décerné son premier « Prix du Net-citoyen », avec le soutien de Google, à un groupe de cyberdissidentes iraniennes pour leur action en faveur de l’égalité des droits hommes-femmes et leur lutte contre les lois discriminatoires envers les femmes (www.we-change.org). RSF invite par ailleurs les internautes à télécharger et afficher le pictogramme qu’elle a conçu pour ce 12 mars et qui symbolise la liberté d’expression sur internet. Le dessin (ci-contre) représente une souris d’ordinateur se libérant de ses chaînes.

+ www.rsf.org/Journee-mondiale-contre-la-cyber.html

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