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Journée d’étude « Catastrophe, médias et victimes » : des expériences professionnelles et humaines

12/06/2008

Après un premier
contact dans les locaux de l’AJP le 12 février dernier, journalistes et professionnels
de l’intervention d’urgence se sont à nouveau retrouvés, le 11 juin au Résidence
Palace (Bruxelles), à l’occasion d’une journée d’étude internationale "Catastrophe,
médias et victimes".
Co-organisée par la Croix-Rouge
de Belgique
, l’AJP et l’Institut
belge de victimologie
(IBV) dans le cadre du projet européen Eureste
(promotion des ressources européennes pour les victimes du terrorisme), le colloque
– qui a rassemblé quelque 80 personnes – a notamment mis l’accent sur l’humanisation
tant des victimes que des journalistes.
En préalable, Benoît Ramacker (Centre
de crise fédéral
, SPF Intérieur), a souligné la nécessité d’informer le
citoyen lors de catastrophes : "Pendant des années, les autorités n’ont
pas parlé des risques car elles avaient peur d’effrayer la population or le
citoyen est un acteur de la sécurité : sans informations, la panique éclate
".

Journaliste ayant couvert l’explosion de Ghislenghien, Marcel Leroy en a écrit
un livre (Ghislenghien,
tu te souviens ?
, éditions Luc Pire) relayant le témoignage de Stéphane
Delfosse, un policier gravement brûlé ce jour-là, le 30 juillet 2004. "LA?8?N?e
journalisme, c’est faire œuvre de mémoire et de prévention
", conclut-il
après avoir partagé son expérience émouvante. Car le journaliste ne travaille
pas blindé d’une armure d’acier. D’après une étude qualitative menée en 2003
par le Dart center for
journalism and trauma
(Royaume-Uni), un réseau constitué de journalistes
et de professionnels de la santé, 28% des reporters de guerre développent des
symptômes post-traumatiques.
L’Américain David
Handschuh
a couvert pour le New York Daily News les attentats du 11 septembre
2001, au cours desquels il a été grièvement blessé. Fin 2007, il menait une
enquête sur les conséquences de l’événement auprès de 157 journalistes : dégradation
de leur état de santé (20%), dépression (12.5%), abandon de la profession (11%),
carrière affectée par l’exposition physique (27%)…
Côté victimes, Marie Moarbès, psychologue clinicienne, s’est notamment intéressée
à ces journalistes otages qui sont passés du statut d’observateur à celui de
sujet ; exprimant "l’aspect colossal et écrasant de la couverture médiatique".
Cette couverture médiatique qui permet précisément "de conjurer l’oubli".

Toutefois, pour Vincent Magos, responsable de la coordination
de l’aide aux victimes de maltraitance au ministère de la Communauté française
,
les victimes n’ont pas intérêt à travailler avec les médias ou alors en négociant
strictement les conditions. Cet a priori de méfiance, fondé peut-être sur une
mésaventure personnelle à laquelle il fit allusion, ne reflétait en tout cas
pas l’esprit de cette journée : dialoguer entre intervenants de crise et professionnels
des médias pour travailler, chacun, dans de meilleures conditions. (L.
D.)
Marcel Leroy
(journaliste) et Jacques Roisin (Croix-Rouge) (PHOTO – CRB)

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