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Hommage : Didier Caudron

07/01/2011

Le décès inopiné de Didier Caudron, le 1er janvier 2011, a suscité une grande émotion. Didier, âgé de 58 ans, a été emporté par une hémorragie cérébrale. Ce journaliste était apprécié pour ses qualités professionnelles et humaines. Côté plume : la culture, l’honnêteté, la lucidité dans l’analyse, la clarté de l’écriture… Côté privé : Didier portait sur vous un regard chaleureux, bienveillant, saupoudré d’humour. Sa barbe lui donnait un côté Père Noël ou, si l’on préfère, philosophe grec.

Didier est né à Charleroi, le 15 mai 1952, d’un père capitaine au long cours (commandant de bord à la Compagnie maritime belge à Anvers) et d’une mère diplômée en philologie romane et en journalisme (ULB). La culture familiale maternelle est imprégnée d’humanisme. L’arrière-grand-père de Didier a fondé le journal Le Progrès, afin de promouvoir dans la société de l’époque les notions de progrès social. Cet homme était aussi un pianiste talentueux. Quant au grand-père maternel de Didier, ingénieur, il a créé le bureau d’études chargé d’électrifier une partie du rail belge, actuellement IGRETEC (il existe une plaque commémorative à son effigie, à la gare de Charleroi sud) ; il fut aussi responsable du réseau de résistance Socrate durant la dernière guerre.

Didier avait un frère Michel, de quatre ans son aîné et décédé inopinément au même âge que lui (58 ans). Sa petite sœur Carine (onze ans plus jeune) est mère de quatre fils ; elle s’est établie dans la région d’Anvers.

La touche et la plume

A huit ans, Didier reçoit de ses parents un piano demi-queue qui l’accompagnera toute sa vie. Il a bénéficié entre autres enseignements des leçons particulières d’André Dumortier, dont la pédagogie est internationalement reconnue.
A 18 ans, il lui faut choisir entre la touche et la plume. Ce sera la plume. Mais jamais il ne cessera de jouer. Le demi-queue de son enfance l’accompagnera partout.
Son épouse, la journaliste Françoise Doneux, nous a dit : « Le piano résonnait chaque jour dans la maison… à mon grand bonheur !« .
Depuis quelques années, Didier s’initiait à la clarinette qui lui a permis d’intégrer de grandes formations : l’orchestre philharmonique de Namur (direction : Michel Déom) et l’orchestre de Giovanni Votano (académie de Tamines). La finesse de son toucher, la clarté et l’intelligence de son jeu, la rigueur de son travail en faisaient un musicien très apprécié par ses professeurs, directeurs et collègues.

Un homme de conviction

Et la presse ? Sa grand-mère maternelle étant une fidèle lectrice du Journal de Charleroi, Didier n’avait qu’un souhait: travailler pour ce titre. Un concours de circonstances le lui a permis, à peine diplômé de l’ULB.
Surviennent les restructurations de l’entreprise, qui rassemblent les titres Le Journal et Indépendance – Le Peuple. Didier devient secrétaire de rédaction. Années fastes !… Pour le jeune journaliste, ce sont des années d’intenses implications. Sans être sectaire ni dogmatique, Didier est homme de conviction.

Après une éclipse de quelques années passées dans les cabinets ministériels (Bernard Anselme, et Guy Spitaels dont il fut le conseiller de presse), Didier revient à ses premières amours via La Meuse et la Nouvelle Gazette. Un jour, Robert Collignon, ministre-président, le salue comme « le meilleur journaliste politique ». Il sera aussi, au sein de la rédaction, un délégué efficace de l’AJP.

En 2006, Didier Caudron réalise avec l’auteur de cet article un cahier spécial de Sud-Presse intitulé Grazie, Italiani ! qui retrace 60 années d’immigration italienne en Belgique. En septembre 2007, pour ce magazine riche en émotion et en humanité, le prix du Parlement de la Communauté française vient récompenser – et clore – la carrière trop tôt interrompue de ce journaliste éminent, exemplaire.

Bernard Gheur
Crédit photo : Sud Presse

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