Egypte : un journaliste belge interpellé et accusé d’espionnage
Le journaliste belge Serge Dumont, de son vrai nom Maurice Sarfatti, correspondant au Moyen-Orient des journaux Le Soir (Bruxelles), Le Temps (Genève) et La Voix du Nord (France), a été molesté, tabassé, puis emmené par des personnes non identifiées le 2 février, à midi, alors qu’il se trouvait en reportage dans un quartier populaire du Caire. Selon des « bribes d’information » qu’a pu communiquer le journaliste lors d’une conversation téléphonique avec Le Soir, Serge Dumont a dit avoir « été emmené auprès d’un poste militaire, où il s’est entendu accuser d’espionnage, puis annoncer qu’il allait être transféré vers des services de sécurité. »
Le Soir, Le Temps et La Voix du Nord ont immédiatement informé les autorités compétentes de leurs pays respectifs, afin d’intervenir auprès des autorités égyptiennes. Ces trois journaux « expriment leur plus vive préoccupation, protestent énergiquement contre cette atteinte à la liberté d’informer, et exigent sa libération immédiate. » L’Association des journalistes professionnels (AJP) apprenait dans l’après-midi que l’ambassadeur de Belgique en Egypte avait pu joindre Serge Dumont au téléphone. Confirmation était alors donnée que le journaliste était détenu par la police – on avait craint un enlèvement – et qu’il serait encore interrogé. Dans un communiqué, l’AJP dit avoir pris connaissance de ces faits de violence et de l’arrestation inadmissible dont le journaliste belge Serge Dumont (Maurice Sarfatti) a été l’objet. Elle « proteste vigoureusement contre ces procédés qui violent la liberté de la presse et réduisent au silence un journaliste en reportage ». L’AJP suivra « avec attention les développements de ces événements » et demande instamment aux autorités belges « de poursuivre leurs efforts afin de rétablir Serge Dumont dans son droit d’informer« . De son côté, Reporters sans frontières (RSF) estime que cette arrestation « témoigne une fois encore de la multiplication des entraves au droit d’informer et du silence que les autorités égyptiennes entendent faire régner sur la couverture médiatique internationale. (…) Ce n’est pas en multipliant les pressions et les arrestations que le gouvernement égyptien pourra éviter la crise. »
Mise à jour (10h15)
Toujours aucune nouvelle de Serge Dumont, écrit la rédactrice en chef du Soir, Béatrice Delvaux, qui ignore toujours où et par qui le journaliste est détenu. L’ambassade de Belgique au Caire poursuit des démarches entamées la veille.
Mise à jour (17h32)
Une proposition de résolution relative à libération de Serge Dumont a été déposée à la Chambre, à l’initiative du groupe PS. Elle est co-signée par l’ensemble des partis démocratiques (PS, Spa, Open VLD, MR, CD&V, Cdh, Ecolo, Groen, et NVA).
Développements :
Nous avons appris ce mercredi 1er février l’enlèvement au Caire du correspondant, Serge Dumont (Maurice Sarfatti).
Ce journaliste belge aurait été arrêté de manière « violente et musclée » selon ses derniers propos recueillis alors qu’il couvrait une manifestation pro-Moubarak dans le quartier de Choubra. Il aurait ensuite été emmené dans un bâtiment militaire où il aurait été accusé d’espionnage.
Depuis, sa rédaction n’a plus reçu de nouvelles de lui et son téléphone ne répond plus.
Le Ministre des Affaires étrangères, Steven Vanackere a exprimé sa grande préoccupation et réclame sa libération immédiate.
Serge Dumont partage le triste sort d’autres journalistes dont on est également sans nouvelles, en Egypte et dans d’autres pays. Le mouvement de liberté qui traverse l’Egypte semble contré par des mouvements qui s’opposent à la démocratisation et à la liberté d’expression.
Il est du devoir de notre pays de tout mettre en œuvre pour protéger notre compatriote et pour obtenir sa libération immédiate, ainsi que celle de tous les autres otages.
Le Parlement belge, extrêmement préoccupé et choqué par la violence manifestée par les forces qui s’opposent au mouvement de démocratisation en Egypte, soutient le gouvernement dans toutes les démarches à entreprendre pour libérer notre compatriote ainsi que tous les journalistes enlevés.
La Chambre des Représentants :
A Considérant les mouvements de démocratisation qui traversent l’Egypte depuis plusieurs semaines et plus globalement dans le pourtour méditerranéen;
B. Considérant que la force ne peut être utilisée pour les réprimer ;
C. Considérant que la Belgique doit appuyer une action diplomatique européenne intense au service de l’accompagnement de la transition démocratique dans le pourtour méditerranéen ;
D. Considérant que de graves entraves à la liberté d’expression menacent non seulement le travail des journalistes mais aussi leur sécurité ;
E. Considérant les déclarations du Ministre des Affaires Etrangères belge qui exprime sa préoccupation à l’égard de la situation du journaliste, Serge Dumont, et demande sa libération immédiate.
F. Considérant qu’il est inacceptable qu’à l’heure actuelle nous ne connaissons ni les personnes ayant privé de liberté Serge Dumont, ni leurs motifs ni le lieu de sa détention ;
La Chambre demande au gouvernement :
De mettre tous les moyens diplomatiques en œuvre, tant au niveau bilatéral qu’au niveau multilatéral, afin d’obtenir la libération du journaliste belge, Serge Dumont, ainsi que celle des autres journalistes enlevés.
De condamner toute forme d’intimidation et de violence à l’égard des personnes qui défendent la liberté d’expression et la démocratisation en Egypte
D’une façon générale, de développer une action diplomatique qui s’inscrive dans un cadre communautaire européen au service de la transition démocratique en Egypte et plus globalement, dans l’ensemble du pourtour méditerranéen.
Mise à jour (17h38)
Serge Dumont serait libre – Lire sur RTBF.be
Mise à jour (18h06)
Toujours pas libre : le journaliste a été relâché puis arrêté à nouveau – Lire sur Le Soir.be
Mise à jour (04/02/11)
Le journaliste belge Serge Dumont, arrêté le 2 février au Caire, a été libéré le 3 février au soir. Il avait été emmené dans les locaux de la Sûreté de l’Etat, avec trois membres de l’équipe de France 24. « Je suis au bord de l’épuisement. Et j’ai faim. Reparlons dès que j’aurai pu manger », a-t-il déclaré au journal Le Soir à sa libération. Citée par l’agence Belga, la rédactrice en chef Béatrice Delvaux a précisé que Serge Dumont souhaite quitter l’Egypte car il estime que la sécurité des journalistes n’y est plus garantie.
Lire plus :
» Au Caire, une véritable chasse aux journalistes (Le Soir)
» Edito de Béatrice Delvaux : Les journalistes, ces empêcheurs de dictatures (Le Soir)
» « Notre journaliste Serge Dumont est libre » sur LeSoir.be