La ministre de l’Audiovisuel de la Communauté française, Fadila Laanan, a présenté, le lundi 15 mars, un « Plan d’action en faveur de l’égalité et la diversité dans les médias audiovisuels ». La diversité concerne aussi bien les origines ethniques et culturelles que l’âge, le sexe, les minorités et la lutte contre les stéréotypes. Objectif : sensibiliser les médias audiovisuels francophones à ces thèmes, tant en terme de contenus informatifs que d’effectifs dans les rédactions.

Photo : Christophe Bortels

Parallèlement à l’étude internationale « Global media monitoring project » (GMMP), coordonnée en Communauté française par l’AJP et qui vise à « mesurer » la représentation des femmes dans l’information et leur présence dans les médias (écrits et audiovisuels), le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) vient de mener une étude plus ciblée (www.csa.be/breves/show/397) qui porte sur la représentation de la diversité au sein des programmes de la télévision belge francophone. Réalisée par Catherine Bodson, accueillie par le CSA en tant chercheur en résidence, cette étude met en évidence la sous-représentation des femmes par rapport aux hommes, une nette sous-représentation de la population inactive (étudiants, femmes au foyer, retraités, chômeurs…) par rapport à leur importance réelle dans la société, une sur-représentation des catégories professionnelles dites « supérieures » (cadres, professions intellectuelles et scientifiques…), ainsi qu’une représentation « typée » des personnes issues des minorités culturelles.

Un baromètre

Autre constat : seul un quart des experts interrogés dans les médias sont féminins. « Malgré quelques personnalités emblématiques dans les médias, les personnes issues de l’immigration ne sont pas légion dans les fonctions de porte-parole, d’expert ou de journaliste/animateur« , relève la ministre. A la lumière de ces conclusions, elle a donné pour mission au CSA, en partenariat notamment avec le Centre pour l’égalité des chances et la lutte contre le racisme et l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes, de réaliser un baromètre régulier des programmes télévisés diffusés en Communauté française. Parallèlement à ce volet « diagnostic », un rapport des « bonnes pratiques » sera établi (le premier est attendu fin d’année). Ce plan d’action pour la diversité sera mis en œuvre et supervisé par un Comité de pilotage auquel participe l’AJP.

L’Association des Journalistes professionnels est, en effet, active sur ce terrain depuis de longues années. C’est à la demande, notamment, de l’AGJPB qu’une étude universitaire fut menée en 1993, suivie de recommandations sur « une meilleure approche des personnes immigrées (ou issues de l’immigration dans les récits médiatiques ». Une seconde étude était effectuée en 2007, permettant de mesurer – positivement– le chemin parcouru. Fin 2008, l’AGJPB éditait avec l’Agence des nations Unies pour les réfugiés une brochure d’informations pratiques sur les demandeurs d’asile et les réfugiés.

Ni contraintes ni quotas

Baromètre et « Bonnes pratiques » seront des outils supplémentaires pour aider les journalistes à accueillir et refléter la diversité, pas pour leur imposer des manières de faire : « Je ne souhaite pas, à ce stade, envisager des mesures plus contraignantes, insiste la ministre Laanan. Je refuse également toute forme de quotas ethniques. »

+ « Médias et diversité » en débat dans « interMédias » (La Première, RTBF) le 19/03/10 avec Martine Simonis, secrétaire générale AJP : réécouter l’émission en ligne