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Assassinats et arrestations de journalistes : le martyrologe du CPJ

16/02/2010

2009 fut l’une des pires années pour la liberté de la presse et les journalistes, constate le Comité pour la protection des journalistes (Committee to protect journalists, CPJ) dans son rapport « Attacks on the press in 2009 », présenté le 16 février à Bruxelles.


Logo CPJ L’assassinat de 31 journalistes aux Philippines et la vague de répression ayant suivi les élections contestées du 12 juin en Iran sont deux des facteurs expliquant le lourd bilan de 2009 dressé par le CPJ, qui n’épargne cependant aucun continent. En Somalie, 9 journalistes ont perdu la vie l’an passé ; en Irak, 4 ; en Russie, 3 ; au Mexique, 2 ; en Afghanistan, 2… Et de trop nombreux crimes restent encore impunis, dénonce le CPJ, comme en Russie dont la situation a fait l’objet d’un rapport intitulé « Anatomy of injustice », en septembre dernier, dans lequel il est surtout question de l’impunité dont bénéficient les commanditaires et assassins de journalistes. Depuis 2000, 19 journalistes ont été assassinés « en représailles de leur travail. Des condamnations pour meurtre n’ont été prononcées que dans un seul cas et, même à ce niveau, les commanditaires ont échappé à la justice« , souligne Nina Ognianova, coordinatrice des programmes pour l’Europe et l’Asie centrale.

71 journalistes tués en 2009

Dans son rapport 2009, le CPJ recense un total de 71 journalistes tués contre 42 l’an passé. A ce martyrologe, s’ajoute une longue liste de journalistes emprisonnés parce qu’ils ont exercé leur métier. « Prenons l’exemple de l’Iran, qui a connu l’une des campagnes de répression contre la presse les plus vicieuses et généralisées de mémoire d’homme. Plus de 90 journalistes ont été arrêtés pour réprimer la dissidence (…) Au 1er décembre dernier, l’Iran comptait encore 23 écrivains et directeurs de publication derrière les verrous, se plaçant ainsi deuxième sur la liste des plus grands geôliers de journalistes au monde, derrière la Chine« , écrit Joël Simon, directeur exécutif du CPJ.

Blogueurs et journalistes web aussi visés

Pour la deuxième année consécutive, note le CPJ, les blogueurs et journalistes web ont été pris pour cibles. En Chine, la plupart des journalistes emprisonnés étaient actifs sur internet. A Cuba, une communauté dynamique de jeunes blogueurs indépendants est en train d’émerger « malgré des lois de censure les plus répressives au monde ». Ils travaillent à partir de machines bricolées à partir de pièces glanées sur le marché noir et utilisent leurs économies pour payer leurs connexions depuis des cybercafés.

Appel à la présidence espagnole de l’UE

Lors de la présentation de son rapport 2009, le CPJ a plaidé pour que la présidence espagnole de l’Union européenne inscrive dans son programme les questions des droits de l’homme et de la liberté de la presse.

Ce rapport est consultable gratuitement en ligne en anglais et, dans une version résumée, en français. Il fait en outre l’objet d’une édition papier, un ouvrage de 360 pages présentant une analyse factuelle dans plus de 100 pays. Il est vendu au prix de 30$, les bénéfices servant à financer les activités du CPJ.

Créée en 1981 par des journalistes américains correspondants à l’étranger, cette organisation indépendante, dont le siège est établi à New York, s’emploie à dénoncer les atteintes contre la liberté de la presse dans le monde via différents canaux : internet, publications, lobbying… Le CPJ est membre de l’Ifex, réseau internet d’échanges pour la liberté d’expression.

L. D.

» En savoir plus : www.cpj.org

 

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