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8 mars : alors comme ça, médême veut faire journaliste ?

07/03/2024

En ce 8 mars 2024, l’AJP pointe l’absence criante de parité femme-homme dans la profession de journaliste. Et il faudrait encore patienter plus de 40 ans pour l’atteindre !

Légende : Ce dessin de Cécile Bertrand est paru dans l’agende de l’AJP de 2009, pour la semaine du 8 mars. Elle avait illustré cet agenda sur le thème de la préhistoire du journalisme. Clin d’œil en hommage à l’une des rares femmes dessinatrices de presse, qui nous a quitté le 1er mars 2024.

Chaque année depuis les années 1990, l’AJP exporte les statistiques de la base de données de l’AGJPB. Cela permet de faire une photographie annuelle de la profession, notamment de la proportion de femmes journalistes. Ainsi, nous pouvons constater qu’en 10 ans, la part des femmes journalistes stagne autour d’un tiers de l’effectif professionnel.

La parité atteinte… en 2065 ?

En 2013, sur toute la profession – c’est-à-dire sur les 4991 journalistes professionnel∙les, stagiaires, francophones, germanophones et néerlandophones – les femmes journalistes étaient 1604 et représentaient ainsi moins de 33% de la profession. Une décennie plus tard, moins de 200 femmes journalistes sont venues combler leurs rangs : en 2023, elles sont 1799 sur toute la profession (5154)[1], soit un peu moins de 35% de la profession.

Entre 2013 et 2023, il y a donc eu une augmentation de 8,59 points de la présence des femmes dans la profession, dans tout le pays ; soit moins de 1% d’augmentation par an, en moyenne. Si l’on continue à ce rythme, il faudra attendre 2065 pour parvenir à la parité !

[1] À partir de 2018, les journalistes de la presse périodique et spécialisée ont été fusionné∙es aux journalistes professionnel∙les.

Et les journalistes francophones et germanophones ?

Si l’on se penche sur « nos » journalistes à l’AJP, à savoir les journalistes francophones et germanophones, nous pouvons constater que les proportions sont similaires. Seule une petite centaine de femmes supplémentaire s’est vue attribuer une carte professionnelle ou stagiaire lors de la dernière décennie. De 749 journalistes professionnelles et stagiaires (sur 2291) en 2013, elles sont 855 dix ans plus tard (sur 2374). Les femmes passent alors d’une proportion de moins de 33%, à tout juste 36% en 2023. On note alors une augmentation de 10 points (soit 1% d’augmentation par an, en moyenne). Un meilleur score que dans toute la profession (avec les journalistes néerlandophones). À cette allure, la parité femme-homme parmi les professionnel∙les et stagiaires francophones et germanophones sera atteinte en 2056.

Il nous semblait également important de faire une distinction entre les journalistes professionnel∙les et les journalistes stagiaires. Pour rappel, les journalistes professionnel∙les sont reconnu∙es par la Commission d’agréation après deux ans d’activité principale et les journalistes stagiaires sont reconnu∙es par l’AJP au bout de trois mois d’activité principale. Cette carte stagiaire leur permet d’entrer dans la profession. Or, parmi ces stagiaires, nous pouvons observer une quasi-parité sur 10 ans, avec une proportion de femmes journalistes plus importante que celle de leurs confrères ! 

En effet, dans cette catégorie, les femmes représentent toujours minimum 50% (sauf en 2021 où elles représentent 46,43%), avec un pic en 2018 où elles représentent 57,78% (104 femmes sur les 180 stagiaires).

Au bout de deux ans d’exercice, l’écart se creuse pour retrouver les écarts vus précédemment : en moyenne, les femmes journalistes ont représenté 33,14% des journalistes professionnel∙les francophones et germanophones entre 2013 et 2023.

L’étude Être femme et journaliste en Belgique francophone réalisée en 2018 par l’ULB et l’AJP a montré pourquoi les femmes sortent massivement de la profession, davantage que les hommes. Les causes sont connues et documentées : précarité, conciliation vie privée et professionnelle, mais aussi sexisme, discriminations et violences. On espère ne pas devoir vous en reparler dans 40 ans !

#journalismezerosexisme

GG.

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